dimanche 3 janvier 2010

C'est l'histoire d'un anglais

Il tomba amoureux au mois de février, d'une jeune voyageuse. Comme elle repartait à la fin mars, il attendit patiemment son retour à Londres en mai. Malheureusement ce ne fut que pour une courte journée qu'elle accepta de le revoir.
Monsieur planifiait également voyager. Son idée était toute faite. Il irait voguer sur les mers des caraïbes à bord des bateaux qui accepteraient de l'engager. Il rêvait d'être un sea gypsy. Mais avant il devrait faire un tour à Montréal, revoir la jeune femme de ses rêves.
C'est en juillet qu'il atterrit à P.E.T. Il faisait chaud, beaucoup plus qu'il ne l'aurait imaginé. Ils étaient contents de se retrouver. Ailleurs mais les mêmes. Enfin presque. Elle travaillait beaucoup, lui visitait seul les rues de la métropole. Elle le sortait dans les festivals, restaurants et bars, lui comptait minutieusement ses sous même si le taux de change le favorisait ridiculement. Elle parlait français la plupart du temps, avec amis et collègues, il ne connaissait rien de cette langue de grenouille.
Au bout de dix jours, cette histoire prit fin. C'était parfait ainsi. Il reprochait aux montréalais de parler trop français. Il ne voulu rien manger d'autre que les fameuse beans aux tomates sur des toasts accompagnées de cheddar. Elle était épuisée de ses longues journées où travail et sortis s'étaient toujours rapidement enchainés. Lui était déstabilisé. Au bout de dix jours, cette histoire prit fin, et c'était pour le mieux.
L'anglais refit donc le chemin vers Londres où il resta quelques temps pour mieux repartir.
La mer des Caraïbes s'avéra plus belle que dans ses rêves. Le soleil plus fort qu'à Montréal, les gens plus amicaux que chez lui, la vie plus légère.
Il voga longtemps à bord du bateau où il se fit engager. La vie était belle, mais son esprit ne pu rester à bord très longtemps. Ses pensées ne convergeaient que sur une chose: la femme de sa vie. Elle était loin. Elle était belle. Elle était tout ce dont il désirait.
Avec les jours, la mer devint difficile à côtoyer, le soleil brulant, les nuits porteuses de cauchemars, le travail difficile. Ses pensées s'enfuirent alors définitivement au nord du continent américain afin de caresser en rêve la seule femme qu'il n'eut jamais aimé.
Au nouvel an, une seule résolution lui vint à l'esprit. Il lui fallait retrouver cette jeune fille, et pour lui plaire, apprendre le français. Il irait habiter avec elle. Vivre à ses côtés. Parler sa langue. Ils ne feraient alors plus qu'un.

Au matin du premier janvier, la canadienne pris connaissance de son courrier machinalement en buvant son premier café de l'année. Elle fut alors contente de recevoir des nouvelles de son ami anglais. L'histoire d'amour étant terminée, elle était prête à entretenir une amitié à longue distance. Quelle fut sa surprise en lisant les dernières lignes. Il faisait la promesse d'aller la rejoindre au cours des trois prochains mois, et ainsi ils pourraient vivre la vie heureuse dont ils ont toujours rêvée.
«Il a réalisé qu'il ne pourrait ni parler espagnol, ni vivre comme Jack Sparrow, pauvre mec. Il ne sera malheureusement pas plus heureux chez des francos. Il faut lui faire de la peine avant qu'il n'entreprenne sa grande aventure par ici où son coeur se brisera pour toujours.»
Ce n'est cependant pas évident de briser volontairement le coeur de quelqu'un.

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