lundi 12 novembre 2012

C'est arrivé à l'amie de mon ami.

Nous étions assises autour d'une table rustique, sur une terrasse près de la rue. On discutait de grève, de rêve, de projets loufoques et d'actions concrètes. On sirotait un café, pas si bon, mais si équitable et pas cher. 
Nous étions simplement bien.
Mon ami Frank, qui généralement n'était pas avec nous lors de ces réunions informelles, m'avait emprunter mon beau stylo. Au moment de me le redonner, il se trouva hyper drôle et le lança trop fort pour que je puisse l'attraper. Le stylo s'envola, tomba près d'un arbre, entre une camionette et le trottoir. Lorsque je me pencha pour le ramasser, l'homme assi à l'arrière de la camionnette noire, la porte coulissante ouverte, m'adressa la parole. 

"C'est ton crayon ça?" Son visage m'était familier. Mais d'où? Si louche comme situation, d'où est-ce que je peux bien connaitre cet homme? 
"Ouain..." Ah mais si, je ne cessais de le croiser partout où j'allais près de l'UQAM. Il devait ainsi nous suivre! 
"C'est ton ami qui te l'a lancé?" Je n'allais tout de même pas lui répondre et lui donner si facilement des informations à notre sujet!

Je rejoignis ainsi la table d'ami-e-s. Je leur laissa savoir subtilement, par des codes secrets, que nous étions écoutés et peut-être même suivies. On parla alors de tout et de rien, mais surtout, de rien de politique. 
JF me demanda tout bonnement l'heure. Au moment de sorti mon cellulaire de ma poche pour lui répondre, je constata que j'avais deux cellulaires. Identiques. Même égratignures, même autocollants, même numéro. Tout était pareil. L'un d'eux devait avoir été trafiqué pour mieux écouter mes conversations. Si c'était bel et bien le cas, nous étions non seulement dans de beaux draps avec les conversations incriminantes que nous venions d'avoir, mais nous étions également considéré-e-s comme assez important-e-s pour investir tant de temps et d'argent sur notre écoute?

Au moment de quitter, nous avions pris place au bord de deux voitures. J'étais passagère, la vitre ouverte pour profiter de la brise fraiche. L'homme de la camionnette noire, qui était stationnée parallèlement à nous, me parla à nouveau. Le bruit du traffic sur la rue enterrait sa voix. Je lui fis signe que je ne voulais pas discuter avec lui. 
Il semblait soudainement paniqué. Il parlait plus fort et faisait des grands gestes. 
À cet instant, une van noire arriva à sens inverse et se glissa de peine et misère entre nos deux véhicules, de telle sorte que nous ne pûmes plus communiquer. 
L'homme dans la van portait un uniforme, de la GRC ou d'un groupe du genre. Je craignis pour nos vie. Peut-être que l'homme de la camionette voulait nous dévoiler des informations top secrètes et que son commandant venait mettre fin à tout ça. Pourquoi se mettre en travers de ce monologue alors? 
Je remontai ma vitre rapidement et Sarah, au volant, démarra en trompe.

Nous roulions à toute vitesse et le second véhicule d'ami-e-s nous suivait de près. Nous étions sous un viaduc, dans un passage très étroit, délimité par des murets de ciment et de pierres. À la sortie d'une courbe, nous allions croiser une voie ferrée, où tout nous indiquait qu'un train arrivait. Par soucis de semer les agents secrets (ainsi les avions nous surnommés), Sarah accéléra. Je lui criai d'arrêter. Je préférais me faire arrêter par ces hommes que d'avoir à arrêter notre course sous l'impact d'un train grande vitesse. Et Sarah accéléra de plus belle.

Vvvvoummm! 

Nous avions passé devant le train, comme si de rien n'était. Nous étions sains et saufs. Saines et sauves. 

La route était toujours aussi étroite, et Sarah ne ralentissait pas beaucoup, prenant goût à cette vitesse risquée. 
C'est ainsi qu'elle heurta une affiche de signalement routier qui était tombée dans le milieu de la chaussée. 
Je vis ainsi le véhicule, comme si j'étais soudainement perchée dans le ciel, capoter et cesser sa course dans un mur de brique. La seconde voiture fit de même et nous percuta. Percuta nos corps morts. C'était la fin de notre course effrénée.

***

J'étais avec deux amis à l'UQAM. Nous descendions les escaliers roulants afin de sortir de l'université et d'aller rejoindre des camarades au café étudiant. Nous allions avec eux et elles s'assoir autour d'une table rustique, sur la terrasse près de la rue. Nous allions alors discuter de grève, de rêve, de projets loufoques et d'actions concrètes. Nous allions siroter un café, pas si bon, mais si équitable et pas cher. 
Nous serions simplement bien.

Une image, comme un souvenir qui hante les pensées, me revint à l'esprit: l'accident de voiture. 
Sans que j'eusse à dire quoique ce soit, Tom me fit simplement "Tu ne te souviens pas de la fin?"
Je n'ai pas eu à réfléchir longtemps pour que tout me revienne, tel un drôle de rêve.

L'homme de la camionnette nous donnait un avertissement. Il était de l'escouade paranormalochose (même s'il nous l'avait expliqué, personne d'entre nous n'avait très bien saisi de quoi il était question). Tout, à partir du moment où Frank me lançait le crayon, ne devait pas se produire. Ça changerait le cours des choses. Pour le mal. L'homme de la van incarnant le mal.

Une fois assise sur la terrasse, lorsque vint le moment où Frank me redonnait mon beau stylo, l'atmosphère devint tendue. Il ne devait pas le lancer trop fort. 
Il nous regarda avec un regard naïf, comme s'il était le seul à ne pas se souvenir de l'étrange rêve que nous avions fait toutes et tous ensemble. 
Il se leva, et me tenda le crayon. 

Quel soulagement lorsque je le tins dans mes mains, sans avoir eut à courir pour aller le chercher près de la camionnette noire, qui était stationnée derrière moi. 

samedi 10 novembre 2012

La peur du précipice

La vie a dernièrement décidé d'activer les choses. Elle a dit à sa façon: "Allez hop hop hop! On se dépêche!"
C'était pas déplacé, mais un peu bousculé. Peut-être était-ce nécessaire de mettre les moteurs à fond et passer à autres choses. Le printemps s'étirait un peu trop. C'est difficile de ne pas se rattacher à un sentiment si fort d'accomplissement collectif. Mais il faut savoir quand c'est terminer. 
La vie, elle, le su.
La vie, elle, ne ralentie pas le rythme. 
"Allez hop hop hop! On passe à la prochaine étape!"
Et c'est ainsi qu'un chapitre fut conclue. Ou un tome. Un roman finalement. On brule les vestige du passé. 
En voilà un autre qui est sur le point de débuter. Une nouvelle vie est sur le point de naitre de ces cendres.

En équilibre sur le bord du précipice, l'envie est de retourné sur ses pas, courir sur la terre ferme le plus longtemps possible. Reculer. C'est la nostalgie qui prend soudainement le dessus sur tout le reste. Grosse nostalgie sale. Pourtant. Ce précipice ne peut que promettre du bon. Il faut seulement faire le saut. Arrêter de tout faire pour maintenir son équilibre au bord et sauter à deux pieds. Assumer.

Bientôt. Bientôt là. 

La saut aurait été plus facile à faire s'il avait été totalement volontaire. Un changement de vie, ça se prépare mentalement d'abord. Ce saut, il ne peut s'improviser. 
La vie à toutefois cru bon de forcer les choses. "Allez hop hop hop! Arrête de niaiser!"

Allez hop hop hop ouais...


mardi 6 novembre 2012

Le cours normal des choses

Et cette bonne vieille habitude est de retour.
La sommeil n'est plus récupérateur. Il est évitement du réveil, du réel. 
Tout pour passer le temps de façon non constructive. 
C'est une manière très zen de faire le vide et de regarder le temps passer. Tout comme cette envie de dormir sans arrêt jusqu'aux jours meilleurs. 
Dormir les yeux ouverts, rivés sur un écran. Et le temps passe. Et tout se ressemble. Aucune émotion ne peut y être rattachée. Aucun souvenir. Rien. Que le temps qui passe. 
À demain.
Ou à jeudi, vendredi, Noël, 2014...
Qui sait encore combien de temps le temps passera sans rien dire. 


Travailler pour suffire au loyer
Je cherche un soleil chaque matin d’automne
Les yeux ouverts jusqu’à l’aube
Entre Vénus et mon linoléum

Je suis le cours des jours
À demi-éveillé
Je suis le cours des jours
Les yeux ouverts jusqu’à l’aube

Je traîne jusqu’au matin
Les heures sont sans réponse
Derrière mon bureau doucement
J’en oublie le reste du monde

Je suis le cours des jours
À demi-éveillé
Je suis le cours des jours
J’en oublie le reste du monde

Je cherche un soleil chaque matin d’automne
Entre Vénus et mon linoléum

Je suis le cours des jours
À demi-éveillé
Je suis le cours des jours
Les heures sont sans réponse

Je cherche un soleil chaque matin d’automne
Entre Vénus et mon linoléum

jeudi 1 novembre 2012

Hymne à la binarité

C'est si simple de tout voir en noir et blanc. En bien contre le mal. La vie est ainsi faite.

La police sert à protéger la société, elle est donc bien. Lorsqu'un-e policier-ère commet une bévue, ce n'est pas un bévue. C'est bien, car la police est bien. 

Lorsqu'un-e criminel-le se fait tabasser par des voyous, c'est bien, car tabasser c'est mal et un-e criminel-le c'est mal. Deux moins font un plus. Mal combattu par Mal fait un Bien.

En mourant, on va soit au Paradis, soit en Enfer. Un ou l'autre. Il n'y a pas d'entre deux. 

Harry Potter est un gentil. Lorsqu'il se bat contre Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom-et-qui-du-fait-même-est-un-méchant-méchant, même s'il lui envoie des sortilèges méchants, c'est bien. Le gentil peut tout faire pour combattre un méchant. Mais un méchant, peu importe ce qu'il fait, c'est mal. 




C'est pour ça que les superhéros c'est de la marde. (C'est soit le fun, soit de la marde, oui oui.)

Dans la vraie de vraie vie là, c'est juste des nuances de gris. Personne n'est purement méchant. Ni en tout point gentil.

MAIS c'est tel-le-ment plus simple de refuser de comprendre la complexité du monde et de tout réduire à noir ou à blanc. À gentil-le ou à méchant-e. À bien ou à mal.


À Cool ou pas Cool.

Moi je suis cool, et tout le monde qui voit la vie avec leurs lunettes de binarité suprême, sont pas cools.